Dans un musée ou dans une exposition temporaire, ou encore dans un centre d’interprétation, la muséographie concerne ce qui a trait aux contenus du parcours de visite et aux modalités de la médiation de ces contenus avec les visiteurs.

Le (ou la) muséographe élabore, définit, conçoit tout ceci. La mission de muséographie repose sur ses compétences. Cela peut aller de la définition éditoriale à la recherche documentaire, de l’écriture des textes à l’invention des dispositifs de médiation et au suivi de leur réalisation, de la définition des budgets à la coordination générale d’un projet.

Parfois aussi, toute une équipe est à rassembler autour du (ou de la) muséographe, avec documentaliste, recherchiste, iconographe, scénariste des audiovisuels, des sons et des multimédias, concepteur des dispositifs interactifs et des manipes, rédacteur, traducteur, médiateur, animateur, spécialiste en conservation préventive, économiste, concepteur d’audio guides et de systèmes embarqués, spécialiste de l’accessibilité, concepteur de produits éditoriaux et dérivés ou de documents d’accompagnement à la visite, etc. Pour participer à la transmission des contenus vers les publics – objet même de la muséographie – ces métiers peuvent intervenir tous, ou seulement quelques uns d’entre eux : la géométrie est variable en fonction de l’ampleur et de la nature du projet.

Les conservateurs, lorsqu’ils s’attèlent à une exposition, font bel et bien de la muséographie, mais… ils portent le nom de conservateur.

Des interlocuteurs de toutes les sortes

Pour le commanditaire, porteur et directeur du projet – appelé parfois « maîtrise d’ouvrage », comme en architecture -, la muséographie est là afin de répondre à ses attentes en matière d’objectifs généraux à atteindre, de style de l’exposition et aussi de délais et de budgets. L’approche muséographique est, en particulier, la principale garante de la prise en compte et du respect des publics.

La muséographie dialogue aussi avec les détenteurs des savoirs – des scientifiques, des chercheurs, des collectionneurs, des spécialistes, des historiens, des personnes ressources… L’expertise scientifique est, en effet, à intégrer dans la création des contenus d’une exposition. La muséographie joue ce rôle, elle a cette fonction de médiation entre des savoirs et des publics. Elle propose pour cela, sur tel ou tel sujet, les modalités de sa mise en valeur, de son énonciation, de sa problématisation, de sa pédagogie – en un mot de sa médiation, via une exposition ou un musée.

Une autre collaboration fondamentale est celle qui s’instaure entre muséographie et scénographie. La scénographie est assurée par des architectes, des scénographes, des designers, des spécialistes de la lumière. Ils mettent en espace le parcours, ils lui donnent sa forme, ils interprètent et traduisent matériellement les contenus définis par la muséographie.

Le graphisme a une importance tout aussi cruciale dans l’expression des contenus : les graphistes donnent forme aux textes, bien sûr, mais aussi aux images fixes (iconos, cartes, schémas, frises, etc.),  aux habillages des films, des interactifs, à la signalétique didactique, à la signalétique directionnelle…

À toutes les phases de la conception, entre muséographie et scénographie/graphisme, se produisent des échanges, du dialogue, des ajustements entre fond et forme. Ces approches complémentaires se conjuguent autour d’un même projet et s’enrichissent mutuellement.

La muséographie n’est que l’une des compétences nécessaires à la création d’une exposition, mais sa fonction est coordinatrice : elle fait souvent le lien entre les différents interlocuteurs, ce qui suppose de l’écoute, de l’imagination, de la persuasion et un certain sens de la coordination. Dans de nombreuses institutions culturelles, le commissariat est d’ailleurs assuré par un(e) muséographe.

La muséographie d’un projet se conçoit au sein de l’institution ou bien peut être sous-traitée à l’extérieur – pour tout ou partie.

Quoi qu’il en soit, une exposition – permanente ou temporaire, en intérieur ou en extérieur, dans un musée ou ailleurs – est toujours une œuvre collective, toujours le résultat d’une synergie entre une multitude d’acteurs.

Les diverses conditions d’exercice

* Dans les phases de définition, de conception et de réalisation, la mission de muséographie peut intervenir sous diverses formes :

  • soit elle est réalisée en interne, c’est-à-dire elle se trouve dans l’équipe du commanditaire/maître d’ouvrage ou de l’exploitant – une partie de la mission pouvant cependant être externalisée ;
  • soit elle est réalisée en externe sous la forme d’une Assistance à Maîtrise d’ouvrage [AMO], ce par une équipe de muséographie (ou un(e) muséographe exerçant en profession libérale, en auto-entrepreneur, en entreprise individuelle, en société, en auteur, etc.) recrutée par appel d’offres et qui a pour mission d’aider le maître d’ouvrage à définir et piloter le projet. Elle a un rôle de conseil, de proposition, facilite la coordination, mais le maître d’ouvrage reste le décideur. Souvent, il s’agit des personnes qui ont réalisé l’étude de définition et de faisabilité et qui poursuivent la coordination et le suivi du projet ;
  • soit elle est réalisée en externe dans le cadre d’une Maîtrise d’œuvre muséographique. Elle est recrutée par un appel d’offres et a pour mission de concevoir et réaliser la dimension muséographique du projet. Elle imagine et produit le projet muséographique. Le commanditaire-maîtrise d’ouvrage le valide en demandant ou non des modifications ;
  • soit elle est réalisée en externe dans le cadre d’une Maîtrise d’œuvre globale, qui rassemble muséographie, scénographie et graphisme – voire architecture. Elle est recrutée par un appel d’offres et a pour mission de concevoir et réaliser l’ensemble du projet. Pour des raisons de responsabilité (décennale), c’est alors le scénographe ou l’architecte qui est le mandataire du marché.