Présents : plus d’une quinzaine de membres !

Invitée : Hoëlle Corvest, ex-responsable de la cellule accessibilité à Universciences

Notre invitée et membre de l’association : Hoëlle Corvest, qui fut pendant longtemps responsable de la cellule accessibilité à Universciences.

Constat que l’accessibilité physique est de plus en plus incluse et le label « Tourisme et handicap » se concentre essentiellement là-dessus, les problèmes sont plutôt liés à l’accessibilité qu’aux contenus.

Les difficultés exprimées liées à la mise en accessibilité dans les musées peuvent se regrouper alors en 4 thématiques :

  • Multiplicité des handicaps : Il semble impossible de rendre tout accessible à tout le monde, les besoins liées à différents handicaps pouvant se contredire. Ex : son est intelligible pour des personnes mal ou non voyantes, mais peut stresser une personne qui a un handicap psychique.
  • Méconnaissance des handicaps : Parfois, dans les musées, il y a une personne chargée de l’accessibilité. C’est uniquement cette personne qui a la connaissance des différents handicaps et des solutions possibles à apporter. Les muséographes n’ont pas de formation sur ce sujet d’où la difficulté d’intégrer dans la conception d’une exposition les propositions adéquates. Cette difficulté rejoint celle du temps : lorsque l’on ne connaît pas ce qui est adapté à tel ou tel type de handicap, les muséographes n’ont pas le temps de trouver des solutions et peuvent tomber assez vite dans ce qu’ils ont l’habitude de faire et de voir.

Les scénographes, qui n’ont pas non plus de formation sur l’accessibilité, voient la mise en accessibilité comme une contrainte, car elle irait à l’encontre de ce qu’ils souhaitent développer visuellement. Cela augmente la difficulté d’intégrer des dispositifs accessibles.

  • Budget : La mise en accessibilité intervenant souvent une fois que le projet de l’exposition est bien avancé, rendre accessible certains contenus engendre des coûts supplémentaires, dus à des ajouts ou des changements de scénographie.
  • Bâtiment (pour les Monuments Historiques): Même si l’accessibilité physique est de plus en plus prise en compte, le problème peut rester, notamment pour les bâtiments classés Monuments Historiques auxquels il est très difficile de toucher. Le café muséo ne s’est pas concentré sur cette difficulté. Peut-être lors d’un prochain ?

Réponses à apporter :

  • Multiplicité des handicaps: ne pas avoir pour objectif de rendre tout accessible à tout le monde, c’est effectivement impossible. Mais il est possible en revanche de varier davantage les modes de médiations pour que il y en ait un peu pour tout le monde. On peut aussi penser à des dispositifs qui résument les différentes parties de l’exposition pour avoir le contenu le plus important, additionné à quelques éléments plus précis dans l’expo accessibles.
  • Budget: c’est un problème seulement lorsque la prise en compte de l’accessibilité intervient dans un second temps, comme un élément ajouté à une exposition déjà pensée. La solution est donc de penser dès le début à l’accessibilité, c’est-à-dire penser tout de suite les dispositifs pour être accessibles. Par exemple, dans une exposition traitant de géologie, on trouvait des capteurs liés aux roches qui déclenchaient un texte informatif sonore (> c’était alors accessible à beaucoup de personnes, et n’engendrait pas de coût supplémentaire, puisque c’est le mode de médiation choisi dès le départ.)

Il faut garder à l’esprit que ce qui est pensé pour être accessible à des personnes porteuses d’un certain type de handicap est utile à tous : il est plus agréable de visiter une exposition avec des modes de médiation variés que seulement visuels par exemple, ou encore de lire un texte en gros caractères. Il ne faut donc pas penser l’accessibilité comme une contrainte qui va s’ajouter au budget, mais comme un élément à prendre en compte pour développer sa créativité, qui sera bénéfique à tous les publics. Se rappeler que tous visiteurs peuvent être dans une situation de handicap face à une exposition : langue étrangère, fatigue, …

  • Méconnaissance des handicaps: c’est une difficulté qui peut être reliée à celle du budget. Par exemple, pour le handicap visuel, on a l’impression qu’il faudrait que tout soit traduit en braille (ce qui ajouterait un coût non négligeable). Or, toutes les personnes mal ou non voyantes ne lisent pas le braille. De plus, un texte en braille est très long, et de ce fait très fatigant à lire. L’idée pourrait être de traduire uniquement les grands textes de partie et passer pour le reste pas d’autres moyens de médiation plus universels (comme l’audio). Pour se former à la connaissance des différents handicaps et solutions, on peut déjà se procurer le livre Expositions et parcours de visite accessibles, édité par le MCC. Il vous est envoyé gratuitement sur simple demande. On peut aussi s’adresser au référent accessibilité sur un territoire. Et, sous peu, on pourra aussi consulter le site des Muséographes, puisque le groupe de travail « accessibilité » propose quatre actions :
  1. mettre en ligne le guide accessibilité de la Villette.
  2. mettre en place des ateliers de créativité.
  3. mettre en ligne des rubriques sur l’accessibilité. 
  4. mener un autre café accessibilité pour aller plus loin, ou se centrer sur un point plus précis.

Pourquoi de ateliers de créativité ? En passant en revue les difficultés et des solutions à apporter, on se rend compte que ce qui peut manquer, ce sont les idées pour varier les modes de médiation, lorsque l’on doit travailler vite. Ces ateliers auront pour but de donner des billes pour que, à l’avenir, on puisse penser tout de suite à d’autres modes de médiations que ceux que l’on utilise habituellement, et qui seront accessibles au plus grand nombre.

>>>> prochain café-muséo sur le thème de l’accessibilité en septembre 2018.